La production de cartes
gravées a toujours dépendu de l’évolution
des techniques d’impression. Les premières cartes gravées
sur des planches de bois tendre à la fin du XVe siècle
ne rendaient que très imparfaitement justice à la finesse
d’exécution des cartographes. L’épaisseur
des traits, la durée de vie limitée des planches de bois
ne permettaient que peu de latitude graphique. En outre, il était
difficile de réactualiser les planches, démarche primordiale
en cartographie. Il fallait alors tailler les planches pour y incruster
de nouveaux blocs de bois, une opération complexe et très
imparfaite.
Le développement
de la gravure en taille douce
- c’est-à-dire en creux principalement sur plaques
de cuivre - offre enfin aux XVIIe et XVIIIe siècles un médium
adapté à la pratique cartographique. La possibilité
de réutiliser et de modifier “les cuivres” génère
un marché important de donations, legs et reventes parmi les
marchands d’estampes. Leur production, encore lente et coûteuse,
est essentiellement réservée aux administrateurs civils
et militaires et aux amateurs éclairés.
La véritable
révolution technique se situe durant la première moitié
du XIXe siècle avec la diffusion de la
lithographie, technique de reproduction sur plaque de
pierre, plus rapide, moins coûteuse et plus souple que la gravure
sur cuivre. Conjointement, l’expansion industrielle et la pression
démographique rendent nécessaire le contrôle des
ressources naturelles, des réseaux de communication, et de la
croissance urbaine, et génèrent une demande cartographique
inégalée. À la fin du XIXe siècle, la carte
n’est plus un outil confidentiel, elle appartient dorénavant,
à part entière, à la sphère publique.